Notre calendrier, un exemple concret de discrimination systémique
Qu’est-ce qu’une discrimination systémique?
La discrimination systémique peut se définir comme une “théorie selon laquelle le traitement en apparence neutre, exercé en vertu des valeurs et des pratiques d’une organisation, d’une institution ou d’un gouvernement, a des effets inégalitaires généralement inconscients ou involontaires à l’encontre d’une catégorie de personnes.” (Usito)
Cette discrimination prend souvent source dans l’histoire de la domination entre les peuples, d’où résultent aujourd’hui des systèmes inégalitaires et discriminatoires. L’apparence neutre de la discrimination systémique peut parfois rendre complexe son identification ou sa compréhension.
En particulier lorsque l’on fait partie du groupe majoritaire et que la dite discrimination, constitue alors pour nous un privilège, sur lequel on ne s’interroge pas. Pourtant, ce regard critique sur notre société nous permet d’entamer un processus essentiel de lutte et d’aplanissement de l’oppression dans nos organisations.
Un exemple concret de discrimination systémique Le calendrier
En octobre 2023, la Commission des droits de la personne identifiait notre calendrier et ses jours fériés d’origine chrétienne (Noël et Pâques) comme un outil de discrimination systémique. En effet, la répartition institutionnalisée des jours fériés accorde au groupe majoritaire la latitude de jouir de leurs fêtes et de leurs croyances religieuses. Car l’organisation de la société canadienne prévoit notamment l’arrêt du travail. Par ailleurs, pour ceux et celles qui ne partagent pas les mêmes convictions religieuses ou culturelles, la tâche est plus complexe malgré les accommodements. Les personnes peuvent s’exposer à un refus de leur milieu de travail. Bien que le refus puisse être motivé par une impossibilité concrète du milieu à accorder un ajustement, on ne peut nier la présence du système d’oppression à l’égard de certaines religions, qui peut s’entrecroiser avec d’autres formes d’oppressions telles que l’origine ethnoculturel.
La commission rappelle dans son analyse un élément central à ce sujet, soit la dimension coloniale de cet enjeu. Notamment lorsque le Canada, dans une volonté plus large d’assimilation, a violemment imposé aux populations autochtones les dogmes de la religion chrétienne par le biais des pensionnats. Cette imposition a eu pour nombreux effets la perte d’un patrimoine culturel ainsi que la stigmatisation des pratiques religieuses autochtones, qui perdure jusqu’à aujourd’hui.
Comment pallier ce système et aplanir l’oppression?
Dans cette situation, s’agit-il alors de supprimer Noël ? Non, pas forcément. La première étape est déjà de se rendre compte que l’exemple de notre calendrier reflète l’étendue sans limite des systèmes d’oppression et leur dimension systémique. Car l’outil le plus simple sur lequel s’organise notre société n’est pas neutre et entrave la liberté de nombreuses communautés. Tout comme il prend racine dans une chronologie historique de domination coloniale.
Dans nos organisations, nous pouvons agir face à cette oppression en étant flexibles et surtout en nous éduquant. Voici quelques pistes d’action :
- Institutionnaliser la flexibilité pour la modification des jours fériés et des périodes de vacances. Solliciter son équipe pour savoir si les périodes de vacances et les jours fériés leurs correspondent et faire ensemble les ajustements.
- Dépasser l’ethnocentrisme, s’informer, se sensibiliser aux diverses fêtes religieuses et culturelles.
- Donner de l’espace dans le quotidien aux diverses fêtes religieuses et culturelles, ne pas hésiter à transmettre ses souhaits pour celles-ci.
- Prendre politiquement position lorsque des lois entravent la liberté religieuse. En tant qu’organisme d’ACA, nous nous sommes engagés à défendre les droits fondamentaux, tels que la liberté religieuse. Nous luttons également pour la justice sociale et pour la création d’une société plus inclusive.
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Des ressources et outils à explorer
Réflexion sur l’intolérance religieuse de la Commission des droits de la personne