Consternation du milieu communautaire : Plus de la moitié des fonds prévus demeurés dans les coffres de l’État!

Marie-Line Audet  Caroline Toupin Lettre ouverte de Marie-Line Audet et Caroline Toupin, respectivement présidente et coordonnatrice du Réseau québécois de l’action communautaire autonome (RQ-ACA), publié le 12 février dans La Presse.

Deux ans après le début de la pandémie, alors que le milieu communautaire est toujours en première ligne pour soutenir les personnes en situation de vulnérabilité, on apprend que seulement 45 des 109 millions du fonds d’urgence sectoriel ont été distribués aux organismes communautaires.

À la fin de 2021, à peine la moitié (54 %) des organismes avaient reçu des fonds d’urgence du gouvernement depuis le début de la crise de la COVID-19.

Ce n’est pas l’intention qui compte

Le gouvernement, plutôt que de nous faire confiance en bonifiant, même temporairement, notre financement de base, s’est cramponné à une vision utilitaire des organismes en voulant contrôler l’utilisation de toutes les sommes, sans tenir compte de l’évolution rapide des besoins.

Les fonds étaient inaccessibles pour bon nombre d’organismes. En fait, ils visaient des problématiques qui ne correspondaient pas aux besoins multiples sur le terrain.

De plus, à un moment où les organismes étaient en gestion de crise sanitaire, la lourdeur administrative de la reddition de compte les ralentissait, alors que les délais de réclamations étaient trop courts – parfois même d’une seule semaine.

Dans son plus récent rapport de recherche, l’Observatoire de l’action communautaire autonome démontre clairement que la réponse du gouvernement à l’égard du milieu communautaire n’a pas été adéquate. Les fonds d’urgence n’ont pas réussi à compenser le fait que ​​69 % des organismes communautaires avaient subi une perte de financement lors de la première vague.

La solution, nous la connaissons : une bonification du financement à la mission des organismes communautaires ainsi qu’un plan d’action gouvernemental pour mieux les soutenir. Cette solution, le gouvernement de la CAQ nous la promet depuis bientôt quatre ans, mais chaque budget apporte son lot de déceptions.

Les organismes n’ont pas l’intention de laisser, encore une fois, ce scénario se répéter au budget 2022. C’est donc par une vague massive de quatre jours d’actions, de grèves et de fermetures rotatives, du 21 au 24 février 2022, que les organismes répliqueront au gouvernement.

Une mobilisation nécessaire

Pendant la pandémie, entre 70 % et 88 % des organismes communautaires ont observé une augmentation des besoins de soutien (psychologique, relation d’aide), des besoins de base (alimentation, logement) et des besoins de référencement vers d’autres ressources.

L’épuisement affecte tout autant les travailleuses du milieu : 89 % des organismes ont vu le sentiment de fatigue (ou d’épuisement) au sein de leurs équipes de travail augmenter avec la crise, et 84 % d’entre eux ont indiqué rencontrer des difficultés sur le plan des enjeux de santé mentale au sein de leurs équipes de travail.

Les trois quarts des organismes (74 %) peinent à maintenir les personnes en poste, alors que 4 organismes sur 5 (79 %) ont des difficultés à pourvoir les postes ouverts.

Fin 2021, les trois quarts des organismes (77 %) ont indiqué avoir besoin de financement supplémentaire pour l’année en cours. En moyenne, ce besoin d’un financement supplémentaire s’élève à 132 835 $ par organisme.

Le mouvement d’action communautaire autonome est pressé comme un citron, mais n’a plus de jus. On se demande réellement si on sera obligés de fermer, alors évitons qu’un pan du filet social s’écroule avant d’agir.

Le temps est venu de passer de la parole aux actes et de financer adéquatement l’ensemble des 4000 organismes d’action communautaire autonome.

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