L’action communautaire autonome : au cœur de notre avenir collectif

« C’est tellement important ce que vous faites », entendons-nous souvent lorsqu’on parle du travail du mouvement d’action communautaire autonome. Une simple phrase qui se veut encourageante, reconnaissante, mais qui sous-entend un certain écart entre « vous » et « nous ».

Comme si la responsabilité de construire une société plus juste et inclusive était réservée à certaines personnes et que les autres pouvaient s’en détacher. Comme si chaque personne n’était pas touchée, de près ou de loin, par les mêmes crises — écologiques, économiques, sociales et politiques — qui secouent notre société. Comme si nous n’étions pas toutes et tous parties prenantes de notre avenir collectif.

Nous entendons souvent, en tant que personnes œuvrant au sein du milieu communautaire, que nous sommes là par vocation. Que malgré des conditions de travail bien inférieures à la moyenne québécoise, des ressources insuffisantes, un État qui se désengage et des besoins qui s’intensifient, nous pouvons nous satisfaire de servir « une bonne cause ». Il en va de même pour l’ensemble des milieux de travail associés aux soins, aux services sociaux et à l’éducation, largement occupés par des femmes.

De plus, bien que personne ne puisse nier la valeur et l’importance de notre travail, nos revendications sont trop souvent reléguées en arrière-plan des priorités de l’État. Les organismes communautaires autonomes sont aux prises avec des attaques répétées contre leur autonomie, leur financement et leur mission sociale.

Plus largement, nous assistons à une montée en flèche de l’extrême droite, à une intensification des désastres climatiques, et à une multiplication de mesures d’austérité et de réformes gouvernementales menaçant la protection de l’environnement, les droits et libertés et les filets sociaux à l’échelle mondiale.

Il serait facile de céder au découragement face à ce contexte. Pourtant, l’histoire du mouvement communautaire démontre que la solidarité citoyenne est une force capable de transformer la société. Depuis 60 ans, les luttes menées par nos organismes ont permis des avancées significatives pour l’égalité, la dignité et les droits de la personne. De l’aide sociale, à sa participation à la création du réseau des CPE, en passant par les luttes féministes et écologistes, chaque mobilisation, chaque action collective, chaque gain témoigne de notre pouvoir de résistance collectif et de création de solutions de rechange porteuses d’espoir.

Il est essentiel de rappeler que nous ne sommes pas seuls. Partout au Québec, c’est 4500 organismes comptant plus de 54 000 travailleurs et travailleuses qui se lèvent chaque jour pour bâtir des communautés plus inclusives, solidaires et résilientes. Ils agissent aux côtés de l’ensemble des initiatives citoyennes et populaires qui décident de ne pas céder à l’apathie devant les dérives autoritaires. Ces initiatives sont la preuve vivante que le changement est possible lorsque nous faisons front commun. C’est ensemble, dans la solidarité, que nous pouvons protéger nos acquis et ouvrir la voie à une transformation radicale qui ne laisse personne derrière.

En cette Semaine nationale de l’action communautaire autonome (#SNACA) qui débute aujourd’hui, rappelons-le avec fierté et conviction : le milieu communautaire autonome est l’affaire de toutes et de tous. Il est au cœur de ce que nous sommes et de ce que nous voulons devenir. Et c’est collectivement que nous écrirons la suite.