Projet de loi sur la laïcité : une manière de nous détourner des vrais problèmes
Montréal, 29 mars 2019/ Le Réseau québécois de l’action communautaire autonome (RQ-ACA) est inquiet des répercussions que le projet de loi sur la laïcité aura sur la société québécoise. « C’est un enjeu de justice sociale puisqu’il vise à limiter ou réduire des droits fondamentaux de personnes marginalisées », soutient Caroline Toupin, coordonnatrice du RQ-ACA. D’ailleurs, de l’avis de la Ligue des droits et libertés, « ce projet de loi créé du profilage religieux – particulièrement envers les femmes musulmanes – et va à l’encontre de la Charte des droits et libertés. »
Il s’agit également d’un enjeu féministe de première importance puisque les principales personnes visées sont des femmes, en autres les enseignantes musulmanes voilées et celles qui désirent faire carrière en enseignement et en droit. Selon la Fédération des femmes du Québec, l’État doit respecter « l’autonomie et le droit des femmes de s’habiller comme elles veulent sans devoir se justifier auprès de quiconque ». D’autant plus que ce projet de loi vise des femmes déjà marginalisées et risque de banaliser et même d’augmenter la violence qu’elles subissent déjà. D’ailleurs, l’R des centres de femmes « insiste sur les conséquences inévitables de ce projet de loi sur la sécurité des femmes portant le voile et, plus largement, sur la sécurité des femmes musulmanes ou perçues comme telles ».
Enfin, ce projet de loi transgresse notre droit de vivre dans une société non discriminatoire puisqu’il vient cristalliser davantage la discrimination à l’égard des communautés musulmanes, notamment en ce qui concerne la discrimination à l’emploi. En ce sens, la Ligue des droits et libertés considère que « l’attention démesurée accordée à cette question par le gouvernement alimente l’idée qu’il y aurait une « montée du religieux » alors que c’est plutôt la recrudescence des manifestations de racisme et d’islamophobie qui requiert une attention immédiate ».
Le RQ-ACA se questionne également sur l’impact qu’aura ce projet de loi sur l’autonomie des organismes communautaires qui interviennent, par exemple, dans les écoles ? Devront-ils se soumettre aux exigences de donner ou de recevoir des services à visage découvert? Il est certain que le RQ-ACA sera vigilant à cet égard et invite ses membres à garder l’oeil ouvert.
Pour le RQ-ACA, c’est un projet de loi qui détourne notre attention des vrais enjeux collectifs. La population et les acteurs de la société civile ne sont pas dupes et s’attendent à ce que le gouvernement s’occupe des vrais enjeux, c’est-à-dire l’urgence climatique, les inégalités, la pauvreté, l’éducation, la santé, l’autonomie des organismes communautaires, etc.
Pour information : Caroline Toupin, 514-260-3786 / coordination@rq-aca.org
Le RQ-ACA est l’interlocuteur privilégié du gouvernement en matière d’action communautaire autonome (ACA), représente 57 regroupements et organismes nationaux, et rejoint au-delà de 4 000 organismes d’ACA luttant partout au Québec pour une plus grande justice sociale.